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Biocène - Comment le vivant a coconstruit la Terre
Depuis quelques années, on parle beaucoup de l'Anthropocène, cette période de l'ère quaternaire qui, depuis l'invention de la machine à vapeur, se caractérise par la marque que les êtres humains impriment sur l'environnement. Mais l'espèce humaine n'est qu'une espèce parmi d'autres et, dans l'histoire longue de la Terre, c'est la vie en tant que telle, depuis son apparition, qui a modifié les propriétés physiques de la planète.
Son rôle a même été bien supérieur à celui des humains : sans la prolifération des cyanobactéries, pas d'oxygène ; sans oxygène, pas de couche d'ozone, qui s'est formée par action des UV sur les molécules d'oxygène. Sans les organismes marins à squelette ou carapace calcaire, qui, en mourant, se sont accumulés au fond de l'eau, pas de roches calcaires ! Il est incontestable que, sous l'effet des êtres vivants, la planète s'est transformée profondément, sur terre, dans les eaux et dans l'atmosphère.
Dans ces conditions, ne pourrait-on pas plutôt parler de " Biocène ", une notion qui intégrerait l'Anthropocène ? Une différence existe, pourtant, et de taille : les modifications induites par l'Anthropocène se font à une vitesse bien plus rapide que celles du Biocène, avec des conséquences encore imprévisibles sur les capacités d'adaptation des êtres vivants...
Ingénieur agronome et docteur des sciences physiques, Paul Mathis a dirigé le laboratoire de bioénergétique (laboratoire mixte CEA-CNRS) au centre de recherches de Saclay. Ses recherches ont porté sur la photosynthèse et le mécanisme de conversion de l'énergie solaire en énergie chimique.