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Interview de Maëlle Delouis-Jost (APT 19), bénévole de Women for the earth
L'interview de Maëlle Delouis--Jost de Women for the earth
Qu’est-ce que l’association Women for the earth ?
Women For The Earth est une association loi 1901 créée en 2021 par des étudiant.e.s d'AgroParisTech, Lucas Blanchard et Clémence Lys. Elle a pour objet l’accompagnement et la mise en place de projets portés par des femmes qui luttent sur le terrain contre le changement climatique et les inégalités sociales. Afin de répondre aux enjeux de déforestation et d'émancipation des femmes en Côte d’Ivoire, l’association a initié le projet Labalo afin de développer et de démocratiser l'agroforesterie en maraîchage auprès des agricultrices ivoiriennes.
Comment avez-vous construit votre projet pour 2022 ?
En 2021, une première parcelle agroforestière expérimentale a été mise en place. Des arbres fruitiers ont été plantés au cœur de la parcelle et des arbres protecteurs l'ont été à ses limites, afin de protéger les cultures et les sols contre le vent. Notre seconde expédition, cet été, consistera en partie à faire état de ce modèle et proposer d'éventuelles améliorations.
Par ailleurs, nous réaliserons cette année une analyse économique et financière du modèle agroforestier afin d'apprécier avec finesse les risques auxquels s'exposent les agricultrices en engageant une transition de leur exploitation.
Un axe de travail de Lucas et Clémence l'année dernière a également été la formation des agricultrices. En partenariat avec l'APAF et le GRIEPE, des guides de formation et des formations physiques à l'agroécologie ont été créés et animés. Dans la continuité de ce travail, nous participerons aux côtés d'ONU Femmes à l'élaboration d'une application mobile de formation à des pratiques agricoles plus durables.
Quel bilan faites-vous de votre premier projet Labalo réalisé en 2021 ?
Nous sommes intervenus, dans le cadre de notre projet Labalo, sur le respect de l’environnement dans les systèmes de culture (agroforesterie et agriculture biologique), la séquestration carbone (crédit carbone) et la valorisation des déchets agricoles.
Nous nous sommes tout d'abord occupés de l’aménagement agroforestier. Nous avons construit un plan d’aménagement précis optimal pour les cultures en maraîchage existantes et adapté au climat ivoirien. L’idée était également de participer à l’élaboration d’une parcelle dite de test pour convaincre les agriculteurs de la région de s’engager dans cette démarche. Cela a très bien fonctionné. Les participants ont apprécié le fait que ce projet soit concret. En effet, “être incrédule comme Saint Thomas” est une expression qui révèle très bien l’état d’esprit des agricultrices et agriculteurs en Côte d’Ivoire et plus largement en Afrique de l’Ouest. Cela signifie que l’on ne croit à une technique uniquement après avoir vérifié la réalité par des preuves visibles ou palpables. Afin de démontrer que l’agroforesterie permet de produire plus tout en respectant l’environnement, nous devions donc absolument passer par une phase pilote. Le potentiel de l’agroforesterie en Afrique est très important. Nous sommes donc confiants sur la réussite de cette phase pilote. L'association des arbres fruitiers et cultures de légumes permet une protection biologique et climatique des cultures. De plus, cela permet de lutter contre l’érosion des sols et du ruissellement des eaux. L’agroforesterie possède aussi un potentiel économique car les arbres peuvent produire des ressources exploitables par les agricultrices. Notre objectif était aussi de mettre en place l’agriculture biologique parallèlement à l'agroforesterie. En effet, notre but était et demeure d’apporter les clefs aux agricultrices pour qu’elles puissent développer l’agriculture biologique sur les terres de Canaan Land. L’agriculture biologique étant très peu développée en Côte d’Ivoire, il existe très peu de supports de formation et la communauté agricole y est assez peu sensibilisée. En effet, selon le FIBL (l’institut de recherche en agriculture biologique) il n’y a que 50 000 hectares cultivés en agriculture biologique. Nous avons effectivement ressenti que l’aide technique et financière des associations et ONG déjà présentes en Côte d’Ivoire se focalisent principalement sur la production de cacao ou d’hévéa (pour le caoutchouc). Ainsi, le fait de s’intéresser au maraîchage et à la filière était très bien reçu par les participants au projet.
L’axe de la séquestration carbone est un développement théorique sur les capacités à séquestrer du carbone sur les sites de Canaan Land et ainsi pouvoir potentiellement créer un projet éligible au crédit carbone du marché volontaire. Pour contribuer à cet objectif, nous avons déterminé les mesures à prendre et les nouvelles pratiques possibles sur les sols agricoles pour séquestrer du carbone. On peut mentionner le biochar, la plantation d’arbres et la réutilisation des bois morts. Cet axe du projet reste pour le moment au stade théorique et pourra être développé d’ici quelques années par Canaan Land.
A travers la réutilisation des déchets agricoles, l’objectif est d’installer et de pérenniser ces pratiques au sein des exploitations et ainsi créer de la valeur sur certains coproduits ou même déchets. Nous sommes intervenus sur la réutilisation énergétique du bois des arbres fruitiers ou encore la construction ou l’aménagement paysager. Cet axe regroupe également la valorisation de produit considéré comme invendable, par exemple transformer les fruits et légumes en fruits séchés pour diminuer les pertes alimentaires et par ce biais financières. Les fruits et légumes pourris nombreux dans ce type d’exploitation pourront également servir au compostage (technique encore peu utilisée par les agriculteurs et agricultrices Ivoiriens). Nous avons donc formé et sensibilisé nos collaboratrices et collaborateurs à cette pratique et de directement aider à l’installation.
Pour conclure, l’objectif de notre projet est, nous le rappelons, d’accompagner les femmes Ivoiriennes afin qu’elles puissent augmenter les rendements de leurs cultures ce qui leur permet d’avoir des revenus plus importants tout en respectant l’environnement. Concernant notre objectif initial d’installer des femmes sur les terres, il nous faut encore trouver un groupement de femmes dans les villages alentour souhaitant travailler sur les terres. Cet objectif reste donc en cours de réalisation et nous espérons pouvoir le mener à bien cette année.
Comment peut-on vous suivre et vous soutenir ?
Pour nous suivre, il y a plusieurs possibilités.
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