Carnet / Nominations

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05 juillet 2024
Benjamin LÉVÊQUE Ingénieur Paris Grignon (2003)

Portrait - Benjamin Leveque, responsable Climat et Biodiversité, JO Paris 2024

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours à AgroParisTech ?

Je suis arrivé à l’Agro à Grignon en 2003, j’ai fait le choix de la spécialité GIPE en dernière année après avoir fait une césure qui m’a emmené en Allemagne dans une usine Danone, à Pantin dans une start-up de distribution de produits frais à domicile puis à New-York pour soutenir l’export de produits agri et viti français.


Quelles ont été les étapes clés de votre carrière qui vous ont conduit à votre poste actuel en tant que responsable climat et biodiversité pour les JO de Paris 2024 ?

Après 2 ans de conseil « généraliste » j’ai rejoint le cabinet I Care & Consult qui était en train de se créer, j’y ai travaillé pendant 10 ans sur les stratégies et la performance climatique et environnementale d’organisations publiques et privées. Quelques mois après une mission intense et passionnante pour la candidature des Jeux de Paris en 2016-2017 je suis rentré au Comité d’Organisation pour participer à l’application des nombreux et très ambitieux engagements pris.

Je suis heureux d’avoir pu travailler sur la définition de stratégies, et sur leur mise en oeuvre.

Quels sont les axes empruntés pour réduire l’empreinte carbone ? Comment le comité intègre-t-il la biodiversité dans la planification et l'exécution des Jeux ?

La ville de Paris s’est portée candidate pour accueillir les Jeux avec un engagement fort : « réduire de moitié son empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes et compenser les émissions qui n’auront pas été évitées ». Paris 2024 agit sur deux volets bien distincts : la réduction de ses émissions dans tous les pans de l’organisation et le soutien à des projets d’évitement ou de captation de carbone à l’international et en France. Nous récoltons les premiers fruits de ces engagements pris il y a 7 ans : nous avons construit à -30% de carbone (recours massif au bois), notre empreinte carbone énergie va baisser de 80% (grâce à des raccordements massifs au réseau de nos sites et le choix du 100% EnR) et nous allons servir des repas (13 millions à distribuer tout de même) à -50% de CO2 (recours massif aux protéines végétales). Sur le volet contribution nous soutenons 4 projets en France et 9 à l’international.

Nous avons accordé une attention tout aussi importante à la préservation de la biodiversité. Le premier levier a été celui de l’évitement : matérialisé par le choix de s’appuyer à 95% sur des sites existants ou temporaires. Ensuite, pour tous les sites, des plus urbains comme la Concorde, aux plus naturels comme le Golf National à Saint-Quentin-en-Yvelines, Paris 2024 a identifié les enjeux environnementaux liés à l’organisation de l’évènement grâce à une méthode développée spécifiquement pour les Jeux. Grâce à un suivi régulier de chaque projet, en particulier pour les zones les plus sensibles, Paris 2024 travaille à réduire son impact sur la biodiversité locale et le patrimoine.

Nous avons également travaillé de manière combinée sur l’économie circulaire et la résilience environnementale, ainsi que sur tous les métiers liés à la livraison de l’événement (énergie, numérique, mobilité, …) et en actionnant le levier déterminant des achats à travers la définition d’une stratégie responsable des achats dès 2020.


Quels ont été les plus grands défis rencontrés lors de la mise en œuvre de vos initiatives environnementales et comment les avez-vous surmontés ? 

Les défis pour la mise en œuvre de l’ensemble des actions ont été nombreux, ils sont liés à la technique, à la taille très importante de l’événement ainsi qu’à certains freins classiques de résistance au changement, le paramètre économique quant à lui a souvent joué dans le même sens que la performance environnementale.

Si vous avez joué un rôle concernant la propreté de la Seine, pouvez-vous répondre à cette question : comment préparer la Seine aux épreuves de natation ?

La reconquête de la qualité de l’eau de la Seine est un enjeu écologique majeur qui a été accéléré à l’occasion des Jeux de Paris 2024 et implique une multitude d’acteurs publics : la Ville de Paris, l’État, la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports, les conseils départementaux, les communes du Grand Paris via leurs Établissements Publics Territoriaux, la Métropole du Grand Paris, l’Agence de l’Eau Seine Normandie, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, HAROPA PORT, les Voies navigables de France. Un investissement massif a été réalisé pour rendre la Seine baignable : en 2024 pour les athlètes mais dès 2025 en héritage pour tous ! Pour atteindre les niveaux de qualité requis et autoriser la baignade, il a fallu éliminer les rejets d’eaux usées dans le fleuve et améliorer les systèmes d’assainissement des eaux usées. Atteindre une telle qualité de l’eau a exigé des travaux de plusieurs types : mise en service en début d’été 2023 de la désinfection des rejets des deux usines de traitement des eaux usées en amont de Paris sur la Seine et sur la Marne, travaux de mise en conformité progressive des mauvais branchements des bâtiments et des raccordements de bateaux, et plus récemment le bassin de stockage d’Austerlitz (cylindre de 50 mètres de diamètre et de plus de 30 mètres de profondeur) qui améliore la gestion des événements météorologiques exceptionnels en évitant les déversements d’eaux usées dans la Seine en cas de fortes pluies.

Comment mesurez-vous l'impact environnemental des JO ? Quels sont les indicateurs clés de réussite que vous avez retenus ?

14 indicateurs principaux permettent de suivre l’impact environnemental des Jeux (une cinquantaine d’indicateurs en ajoutant les thématiques sociétales), ils sont tous détaillés dans le rapport Pré-Jeux (cf. lien plus bas). L’un des indicateurs emblématiques sera l’impact carbone en teqCO2 et l’engagement associé de diviser par 2 cet impact par rapport aux Jeux précédents, pour celui-ci nous avons choisi de renverser la logique du Bilan Carbone en fixant un budget carbone à ne pas dépasser dès la candidature.

Quelles sont les collaborations clés avec d'autres organisations (publiques ou privées) pour atteindre vos objectifs en matière de climat et biodiversité ?

L’écosystème de Paris 2024 est très vaste : les parties prenantes principales sont le CIO, le CNOSF/CPSF, l’Etat, la Région Ile-de-France, la Ville de Paris, la Métropole du Grand Paris, le Département de Seine-Saint-Denis et l’ensemble des collectivités hôtes. Par ailleurs Paris 2024 compte plus de 80 partenaires privés (les sponsors). Tous ces acteurs sont impliqués dans l’atteinte des objectifs climat et biodiversité. Par ailleurs nous travaillons étroitement avec différentes organisations « spécialistes » : l’ADEME, le PEXE, différentes associations (WWF, LPO, …), …

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels d'AgroParisTech ou alumni qui souhaitent suivre une carrière dans la biodiversité/le climat ou l'organisation d'événements de grande envergure ?

Pour le climat et la biodiversité, formez-vous à l’Agro et choisissez les bons stages ! Pour travailler sur l’organisation de grands événements, il faut plutôt développer un profil couteau suisse (polyvalence) que couteau à huîtres (expertise) et démontrer de grandes capacités d’adaptation.

Liens pour en savoir plus :


Propos recueillis par Lucie Maquet, chargée de communication et animation de réseau @AgroParisTech Alumni



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