Agenda
La bourse ou la vie ? de la finance durable au capitalisme responsable
Organisé par le groupe "Agros Durable"
AgroParisTech Alumni et Agros Durable organisent une conférence le 08 juin à la Maison des Ingénieurs de l'Agro - 5 quai Voltaire 75007 Paris et sur Youtube - avec Laurent Babikian, directeur des marchés de capitaux du CDP - Carbon Disclosure Project.
Le thème de cette conférence est "La bourse ou la vie ? de la finance durable au capitalisme responsable".
Anne Gouyon introduira la conférence en rappelant les enjeux de la finance vis-à-vis de l'interpellation des agros "bifurqueurs" lors de la remise des diplômes de AgroParisTech 2022.
Laurent Babikian partagera sa lecture et son analyse critique du fonctionnement du système économique et financier actuel, afin de permettre l'émergence d'une nouvelle version du capitalisme compatible avec une économie neutre en carbone et régénératrice et suggérera quelques améliorations pour un système fit for purpose.
Les intervenants :
- Laurent Babikian, directeur mondial des Marchés de Capitaux chez CDP
- Anne Gouyon, administratrice AgroParisTech Alumni et co-fondatrice Climate 500
Sommaire :
- Aux urgences
- Comment shifter les trillions?
- Le combo gagnant: SBT + Plan de Transition
- Le système actuel ne permettra pas de réaliser la neutralité carbone
- Les données ESG vont devenir plus importante que les données financières
- Les limites de la politique monétaire
- Quelques mesures pour un capitalisme plus responsable
- Mantras à reciter tous les jours
- Questions/réponses
Informations pratiques :
L'évènement a lieu à la Maison des Ingénieurs de l'Agro : 5 quai Voltaire 75007 Paris
Un cocktail vous sera proposé à l'issue de cette conférence.
L'inscription est obligatoire sur cette page.
Tarifs :
- La salle du quai Voltaire est complète, seules les inscriptions pour assister à la conférence sur Youtube sont possibles,
- Gratuit pour les adhérents,
- 10 € pour les non adhérents et les extérieurs.
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Jeudi 8 juin 2023
18h30
(GMT +1)
Date d'échéance des inscriptions : 8 juin
L'événement est organisé en présentiel et en ligne
Maison des ingénieurs agronomes
5 Quai Voltaire
75007
Paris
En ligne
-
Gratuit Cotisants en ligne
-
10 € Non cotisants et extérieurs en ligne
Inscriptions closes
Laurent est directeur mondial des Marchés de Capitaux chez CDP qui gère la plus importante plateforme de reporting environnemental au monde..
Il a commencé sa carrière en 1991 chez Banque Indosuez où il a travaillé pendant 10 ans sur les marchés financiers. En 2000, un éveil de conscience l’a amené à quitter la banque pour co-fonder Start-up connexion, un incubateur de start-ups technologiques où il a aidé les entrepreneurs à accélérer leur activité avant de créer Corcovado en 2005, sa propre société de conseil en levée de fonds d’amorçage et de capital risque, pour laquelle il s’est installé au Brésil en 2007. Pendant son séjour au Brésil, il est devenu l’un des mentors de l’ONG Endeavor, une organisation internationale à but non lucratif visant à développer l’entrepreneuriat durable dans les pays émergents.
Laurent est membre du conseil consultatif de l’indice Low Carbon 100 géré par Euronext et du label français Greenfin géré par le Ministère de la Transition Ecologique
Il est aussi membre du comité de pilotage du CEM, le Cercle de l’Expertise à Mission ( https://experts-cem.org/ ).
Laurent est diplômé de l’IESE Business School, où il a obtenu un Executive MBA en management. Il est également titulaire du Magistère Banque Finance Assurance (BFA) de l’Université de Paris Dauphine.
Ingénieur agronome, Dr en sciences économiques et sociales et maître es psychologie systémique, Anne est engagée dans le développement soutenable et la transition agro-écologique depuis ses études dans la Chaire créée par René Dumont à AgroParisTech.
Elle a travaillé plus de 20 ans à l'international, dont 10 ans au Cirad, pour concevoir et évaluer l'impact de projets agricoles et forestiers avec des organismes comme la Banque Mondiale, le WWF ou le FSC.
Serial entrepreneure, elle a été à l'origine de BeCitizen et écrit le best-seller Réparer la Planète, la révolution de l'économie positive (réédition en cours de préparation).
Désireuse de transmettre ses connaissances, elle a créé dans le Gers un écolieu voué à l'éducation à l'environnement et au développement durable, tout en étant vice-présidente de la branche locale de la Fédération nationale des agriculteurs biologiques.
Elle se dédie aujourd'hui à des projets de formation et d'enseignement dans le domaine de la mesure d'impact et du changement systémique vers une économie régénérative.
Maison des ingénieurs agronomes
5 Quai Voltaire75007 Paris
1 Commentaire
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Pourtant, au milieu de l'effroi, l'urgence captivait les attentions et la présentation encourageait la lutte en désignant les moyens du salut. Parmi ces moyens, les réforme des normes comptables IFRS (International Financial Reporting Standards) s'est ébranlée, inspirée notamment par le visionnaire Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre. A ce stade, il s'agit principalement d'initiatives privées, comme celles du SBT (Science-Based Target) ou de la Financial Alliance for Net Zero Carbon, dénoncée aux Etats-Unis par ceux qui y l'accusent de constituer un trust, ou encore de l'EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) qui élabore la « double matérialité » (la nécessaire valorisation de l'impact écologique et social, outre la valeur financière des actifs).
En l'absence de telles normes, les entreprises les plus dangereuses, les plus émissives de gaz à effet de serre, demeurent les mieux rémunérées et les plus cotées en bourse. Il suffirait d'une taxe carbone pour que leurs gains fabuleux se transforment en pertes. Les gains ne sont fabuleux que pour les marchés financiers. Les pertes sont pour les autres parties prenantes : la société humaine et l'environnement. La gouvernance sera elle-même avariée tant qu'elle rémunèrera les capitaines selon la valorisation boursière de leur entreprise.
La présentation a évoqué le rôle fondamental des politiques monétaires. Cependant, ce n'est pas seulement l'indépendance des banques centrales qui mériterait d'être remise en cause. Certes, cette indépendance les exempte des exigences qu'impose la préservation de la planète. Mais les gouvernements se sont-ils montrés plus responsables ? Nullement si l'on en juge par la politique agricole française. Nous y reviendrons.
Ce qu'on pourrait davantage dénoncer, c'est le « privilège exorbitant », selon l'expression de Valérie Giscard d'Estaing, de l'émission monétaire, c'est-à-dire de l'émission de dettes que notre système capitaliste - plus précisément notre système de monnaie fiduciaire (de monnaie de crédit) - a concédé au secteur privé. Il faut comprendre qu'un crédit émis est un échange de dettes : dette de l'emprunteur d'une part, bien sûr, mais aussi dette de l'établissement de crédit qui s'engage à honorer les tirages sur le crédit qu'il accorde. Bien avant les eurodollars qui ont suscité l'expansion considérable des liquidités internationales hors de tout contrôle des autorités monétaires, la monnaie de crédit est majoritairement émise par le secteur financier privé. La valeur de notre monnaie papier ne repose sur rien d'autre que le crédit - le cas de le dire - que la société veut bien lui accorder. Elle est ainsi un véritable instrument d'expropriation aux mains des intérêts financiers.
Sans nullement garantir l'avenir de notre planète, la monnaie nourrit l'irresponsabilité de notre système capitaliste libéral. Il faudrait donc que l'autorité publique reprenne le contrôle régalien de l'émission monétaire, ce que prône une certaine Théorie monétaire moderne, à supposer, bien sûr, que l'autorité publique se montre responsable de notre avenir. Evoquée en séance, la voie de la « hard sustainability » n'est pas simple mais elle révèle les enjeux politiques, désigne les intérêts contraires et considère les moyens d'une conciliation.
Paradoxalement, s'adressant à un public de diplômés d'institut agronomiques et d'écoles d'industries alimentaires, la présentation n'a guère parlé d'agriculture, secteur pourtant emblématique de la lutte environnementale, tant il est proche du monde du vivant, comme l'a pertinemment rappelé Anne Gouyon, membre du bureau d'AgroParisTech Alumni et ancienne présidente de cette association. Anne voulait s'abstenir de « blâmer l'agriculture ». Il ne s'agissait certes pas de blâmer l'agriculture mais de comprendre en quoi le développement et la modernisation de l'agriculture, vocation des différents instituts représentés par leurs diplômés dans l'auditoire, a dévoyé les productions agricoles et alimentaires.
L'approche scientifique de ces instituts et de ces écoles se contente trop souvent de solutions techniques particulières, vantant des progrès qui ne touchent le système établi qu'à la marge, sans le reformer. Elle évite l'interrogation plus compliquée sur le bienfondé du système. C'est en sacrifiant la recherche fondamentale que nous démissionnons avant même d'entreprendre la lutte pour la préservation de l'environnement.
A titre illustratif en Bretagne, nous recherchons le moyen de recycler le lisier polluant des élevages, plutôt que d'encourager la traditionnelle production de fumier fertilisant. La paille stoppe tout net la production de lisier mais elle remet en cause les lourds investissements qui ont engagé les élevages dans la voie polluante du lisier. Le péché originel de notre approche scientifique et de nos filières, est, en célébrant l'innovation, d'encourager la facilité de techniques automatiques sans main d'oeuvre et sans souci du bien-être animal.
Est-il moins légitime de remettre en cause la production du lisier en Bretagne que de demander l'arrêt de l'exploration pétrolière ? L'enjeu, la logique sont les mêmes. Il appartient à la politique agricole, il est de la responsabilité de nos dirigeants politiques de fournir les incitations requises et d'imposer les conditions de la bonne orientation de l'agriculture, non de subventionner la production de la facilité.
Ni communiste - à Dieu ne plaise ! -, ni écologiste sectaire quelle que radicales que fussent ses recommandations fondées sur une analyse clairvoyante, Laurent Babikian s'est proclamé un « libéral éthique ». Dans le combat pour notre survie, il nous faut assurément préserver nos libertés individuelles autant que possible. Mais au prétexte de préserver ces libertés, ne permettons pas à notre système financier d'ouvrir la porte des poulaillers aux renards que nous sommes.